🇨🇦 St. Paul, NL --> Cape Clear (Cabot Trail, NS)
Étape |
Cumulés |
653 km |
7003 km |
J'ai débuté la journée par un très bon café tout en écoutant les récits de voyage du propriétaire du terrain où j'avais passé la nuit. Ensuite, la planification de ma journée m'a amené à visiter le parc national Gros-Morne.
J'ai pris le temps de faire deux randonnées pédestres. La première a été le sentier "Green Gardens". Ce sentier mène à un spectaculaire littoral de prairies verdoyantes, de falaises et d'éperons rocheux. Le sentier traverse des landes de serpentine et descend à travers la forêt pour atteindre le rivage à l'anse Old Man. De là, on peut descendre les escaliers jusqu'à la plage de roche. C'est un aller-retour de 9,5 km avec un dénivelé de 305 mètres.
La région des Green Gardens est composée de roches volcaniques formées par des éruptions qui se sont produites il y a plus de 550 millions d'années, lorsqu'un ancien continent s'est séparé et qu'un océan s'est formé. Aujourd'hui, ces roches et d'autres dans le parc fournissent des preuves géologiques importantes qui ont contribué à la désignation du parc national du Gros-Morne au patrimoine mondial de l'UNESCO pour son illustration de la tectonique des plaques.
Du haut des falaises, on peut voir les "Coussins de pierre". Ces basaltes en coussins ont été formés sous l'eau par un volcan sous-marin il y a 550 millions d'années, alors qu'un nouvel océan (maintenant disparu depuis longtemps) était en train de naître. Des basaltes en coussin se forment encore aujourd'hui sous la mer, dans des endroits comme la mer Rouge et Hawaï.
La deuxième randonnée a été le sentier "Tablelands". Les Tablelands font partie d'un groupe plus vaste de roches appelé l'ophiolite de la Baie des îles. Une ophiolite est une section de la croûte océanique et du manteau supérieur de la Terre qui a été soulevée et exposée sur terre. Les roches ophiolitiques se trouvent dans de nombreuses chaînes de montagnes, mais elles sont rarement aussi accessibles, visibles et inaltérées. Le nom ophiolite vient des mots grecs qui décrivent l'altération écailleuse souvent observée dans la péridotite. Ophis signifie "serpent" et lithos signifie "pierre".
Pour une plante, vivre dans les Tablelands, c'est comme pousser dans un dépotoir pollué. Les sols constitués de serpentine sont remplis de métaux et ne contiennent presque aucun élément nutritif, comme l'azote, le phosphore ou le potassium, et très peu de calcium. Dans la majeure partie des Tablelands, peu de sol s'est accumulé au cours des 10 000 dernières années depuis la dernière grande glaciation. Pire encore, les vents soufflent suffisamment fort pour dépouiller les arbres, et les cristaux de glace déracinent les plantes chaque année au printemps et à l'automne.
La plante que j'ai préférée est la sarracénie pourpre. Elle ne dépend pas des éléments nutritifs du sol pour sa survie. Elle préfère le prêt-à-manger : ses feuilles en cornet noient et digèrent les insectes.
En me réveillant, ma mission était simple : me rendre au traversier à temps. Puisque je devais être à l'enregistrement du traversier au plus tard à 7h15 et que j'avais 30 minutes de route à faire, je m'étais programmé trois alarmes pour être certain de me lever. C'était programmé pour 5:00, 5:08 et 5:15. C'est la deuxième alarme qui m'a vraiment réveillé. Je devais quitter rapidement alors le très bon café a dû attendre. À 5:20, mon camion était prêt à prendre la route. C'est ce que j'aime avec mon camion : camper et décamper se fait extrêmement vite. En ce moment, ce qui prend le plus de temps, c'est de déplacer mon matériel entre l'arrière du camion et le siège conducteur, selon si je dors ou si je conduis. J'ai bien hâte de me débarrasser du matériel en trop. Je pense bien que je vais réduire d'au moins un tiers ce que j'ai en ce moment.
Mission accomplie, je suis arrivé au terminal dans les temps. Je m'informe pour savoir si j'aurai assez de temps pour faire mon café avant qu'on débute l'embarquement. La réponse a été assez vague, du genre "oui, tu as le temps". J'installe ma tablette de cuisine, prépare mon café et mon déjeuné. Mon café n'a pas fini de couler que j'ai déjà des visiteurs qui me questionnent sur mon camion. Les discussions se prolongent, surtout avec Ron et Brenda. Ils vivent en Saskatchewan et sont venus visiter Terre-Neuve. Ils m'ont donné énormément d'informations sur les routes à prendre. Ils m'ont même offert une carte de la province en prenant soin d'inscrire leurs noms et numéros de téléphone pour que je les appelle lorsque je serai rendu là dans mon périple. La conversation se termine, je finis d'avaler mon café et ma toast froide. Puis, je range ma tablette de cuisine. À peine le temps de fermer ma fenêtre gullwing que je vois le premier véhicule de la file qui commence à avancer. J'étais le quatrième. Ouf... vite, je ferme ma porte arrière en m'assurant de ne rien oublier, je saute sur le siège conducteur, démarre le moteur. J'étais cinq secondes en retard. Cinq secondes qui n'ont pas trop paru aux yeux de l'employé qui me dirigeait, par chance.
Sur le traversier, je me suis payé un siège réservé. Grosse dépense, c'était seulement 11$. C'est quand même une traversée de près de 6 heures. Durant la traversée, j'ai regardé Terre-Neuve disparaître au loin, j'ai écouté de la musique, j'ai fait du ménage dans mes photos et vidéos. J'en prends tellement trop, surtout avec mon drone. Je filme presque tout le temps qu'il est en vol. Je pense que c'est une mauvaise habitude. Je devrais plutôt valider en volant ce que je veux filmer et ensuite refaire la séquence, mais cette fois avec la caméra qui enregistre.
Je me suis rappelé lors de mon débarquement du traversier de Blanc-Sablon à St. Barbe que la sortie va vite, il faut savoir par où aller en sortant du traversier. À St. Barbe, je m'étais trompé, j'étais confus, j'avais rebroussé chemin en saluant du même coup tous mes nouveaux amis que je m'étais faits dans les derniers 90 minutes. Ils devaient tous se demander ce que je faisais à revenir sur mes pas. En fait, c'est comme si je revenais sur le bateau, mais à ce moment-là, je pensais prendre une route que j'avais manquée. J'ai donc dû refaire un deuxième demi-tour pour m'arrêter et regarder la carte pour savoir vraiment où aller. Donc cette fois-ci, je m'étais préparé d'avance en programmant un trajet avec Google Maps pour me rendre à la station d'essence la plus proche.
Une fois le réservoir rempli, je me dirige vers la "Cabot Trail". La Cabot Trail est l'une des routes les plus pittoresques et emblématiques du Canada. Elle s'étend sur environ 300 kilomètres et fait le tour de la majeure partie de l'île du Cap-Breton. La Cabot Trail serpente à travers des paysages à couper le souffle, offrant des vues panoramiques sur l'océan Atlantique, des falaises escarpées, des vallées verdoyantes et des forêts denses. La route traverse le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, où les montagnes majestueuses rencontrent la mer, créant des panoramas spectaculaires et des opportunités infinies pour la randonnée, l'observation de la faune et la photographie.
Après une trentaine de kilomètres sur la Cabot Trail, je décide de m'arrêter à un magasin général pour voir si je ne trouverais pas un autocollant de la Cabot Trail à coller sur mon camion. Comme toujours, la première chose que l'employé me dit concerne mon camion. Il fait de l'effet, mon tracteur. J'en suis bien fier d'ailleurs. La discussion s'est terminée après qu'il m'ait parlé d'un très bel emplacement qui donne une superbe vue sur la vallée au milieu des Highlands du Cap Breton. Il pointe sur une carte pour me montrer l'endroit précisément. Il me dit que ça s'appelle Cape Clear et que c'est un endroit fantastique qui vaut le détour. On doit passer par la route d'Hydro, dépasser les quatre lacs, puis poursuivre la route avec quelques embranchements pour finalement y arriver. J'ajoute l'endroit approximatif sur mon application Gaia GPS pour être en mesure d'y arriver plus facilement. Ensuite, j'achète mon autocollant et prends la route pour me rendre vers Cape Clear.
La route de gravelle était pas mal ardue au début avec des nids-de-poule à toutes les 50 mètres. Ma vitesse était très réduite. Après 10-15 km de nids-de-poule, ça s'est amélioré. Je me suis posé plusieurs fois la question si je devais poursuivre ou faire demi-tour. Je me disais toujours qu'au pire, si je ne trouve pas ou si c'est moche, j'aurais fait un peu d'exploration.
Rendu à la fin, selon mon appli Gaia GPS, il n'y avait pratiquement rien. Mais ma curiosité m'a fait continuer un peu plus loin sur la route. Après quelques tournants, je vois une petite pancarte sur le bord avec l'indication Cape Clear et une flèche. J'ai suivi les indications pour finalement arriver à la bonne place. Je voyais au loin qu'il y avait déjà un pick-up avec une tente de toit ouverte au bout du chemin. En arrivant, je baisse ma fenêtre et je lui dis en riant dans mon super franglais : "Hey, you take my spot !!". Je débarque et je n'ai même pas le temps de dire 2-3 mots qu'il me demande si je suis Québécois. Il l'était aussi. Il était arrivé un peu plus tôt avec sa blonde qui est enceinte et leur chien que je décrirais comme un magnifique gros toutou.
Par chance qu'il me restait de la Labatt 50 dans mon camion. Je mets les cinq canettes qui traînaient au milieu de mon fouillis dans mon frigo tout en sortant les deux qui étaient déjà froides. On a descendu ces bières tout le long de la soirée en placotant de tout et de rien, c'était fantastique. Merci Jérémy et Maxandre pour cette belle soirée.